L'épopée du délainage
La naissance du délainage est l’un des corollaires de l’essor considérable que connut l’industrie textile mazamétaine durant la première moitié du 19e siècle, notamment grâce au Maréchal Soult qui passa de nombreuses commandes de pièces de tissus pour l'armée.
La production de nouveaux tissus et la conquête de nouveaux marchés provoquèrent à cette époque un tel développement de cette activité que les industriels éprouvèrent de sérieuses difficultés d’approvisionnement en matière première.
Les bassins traditionnels d’achat de laine (Languedoc, Provence) durent être élargis à l’Espagne, au Levant et à l’Afrique du Nord.
Malgré cette extension des marchés dans l’importation des laines, la pénurie persistait.
C’est alors qu’un industriel mazamétain, un certain Pierre-Elie-Houlès eut une idée géniale.
En 1851, il fit venir des peaux de moutons brutes d'Argentine et essaya pour la première fois d’en extraire non pas le cuir mais la laine qui était habituellement sacrifiée.
Après plusieurs mois d’essais et de tâtonnements, on réussit à mettre au point, presque fortuitement, un procédé simple permettant de séparer la laine du cuir sans altérer l’une ou l’autre de ces matières. Le délainage était né.
A partir des années 1880, les usines de délainage se multiplient, si bien qu'en 1912, année record, plus de 32 millions de peaux de mouton sont traitées à Mazamet qui devient le centre mondial du délainage !
Mazamet est alors connue dans les principaux pays d'approvisionnement en peaux lainées (Argentine, Australie, Nouvelle- Zélande, Afrique du Sud, Maghreb) et dans les pays acheteurs de laine (Europe, Etats-Unis d'Amérique, Russie).
Vers 1990, cette formidable épopée touche à sa fin, peu à peu supplantée par les fibres synthétiques et la forte concurrence des pays asiatiques.
Aujourd'hui, certaines entreprises ont su résister, se transformer et développer leurs activités en se spécialisant dans des activités de pointe ou le secteur du luxe.
En visitant les salons de la Maison des Mémoires, des panneaux et vitrines présentant des outils, des échantillons de laine, des documents d'archives… vous permettront de dérouler le fil de l'histoire
sur les traces des peleurs et des marragos.
